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Sonnet I

Si jamais il y eut plus clairvoyant qu’Ulysse,
Il n’aurait jamais pu prévoir que ce visage
Orné de tant de grâce et si digne d’hommage
Devienne l’instrument de mon affreux supplice.

Cependant ces beaux yeux, Amour, ont su ouvrir
Dans mon cœur innocent une telle blessure
— dans ce cœur où tu prends chaleur et nourriture —
Que tu es bien le seul à pouvoir m’en guérir.

Cruel destin ! Je suis la pointe d’un scorpion,
Et ne puis demander un remède au poison
Que de cet animal qui a su me piquer.

Je t’en supplie, Amour, cesse de me tourmenter !
Mais n’éteins pas en moi mon plus précieux désir,
Sinon il me faudra fatalement mourir.

 

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