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Amour et patrie

Verhaeren continue ensuite à décrire les conséquences de la révolution industrielle dans des recueils comme Les Forces tumultueuses ou La Multiple splendeur. Mais à partir de 1896, avec la publication des Heures claires, il commence à évoquer, dans des poèmes plus brefs, son amour profond pour Marthe, son épouse. À travers les souvenirs qu’il y égrène, il y exprime un amour à la fois charnel et paisible et une immense tendresse.

Un autre amour le tient, celui qu’il voue à la Flandre. En 1904, il publie Toute la Flandre, qu’il complète en 1911. Ce sont des poèmes souvent nostalgiques, très descriptifs. Son ancrage national, qui s’exprime ici si nettement, n’a pas empêché son ami Stefan Zweig, dans le beau livre qu’il lui a consacré, de souligner le retentissement de son œuvre dans toute l’Europe, particulièrement en Russie.

Sa dernière période d’écriture est marquée par la guerre de 14-18. Dans Les ailes rouges de la guerre, il décrit son peuple et son pays à feu et à sang et emploie des mots très durs contre l’envahisseur, comme, par exemple, dans un poème intitulé « L’Allemagne, exterminatrice de races » :

Allemagne ! Allemagne !
Ô faiseuse de crépuscule !
C’est donc bien là le cri qui sort de tes montagnes,
Le même, hélas ! depuis mille et mille ans !

« Il faut vaincre, en isolant,
Après chaque combat ténébreux et rapace,
Femmes, filles, enfants,
Afin qu’en eux soit immolée, atrocement
La race. »

Dans Les Flammes hautes, le poète redevient plus serein. On le verra avec les deux poèmes par lesquels nous terminerons les lectures. Celui que j’ai placé en dernier dans la sélection de ce soir, « La vie ardente », m’a paru être une sorte de conclusion que Verhaeren nous livre sur ce qu’il avait voulu faire de sa vie.

Poèmes lus le 10-12-2012
disponibles sur le site Poésie française (Webnet)

La folie (par Jean-François Blavin)
Le navire (par Béatrice Dominguez)
Je dédie à tes pleurs (par Hélène Lustman)
Dis-moi, ma simple et tranquille amie (par Téodia)
C'est la bonne heure où la lampe s'allume (par Mikéno)
Les menus faits, les mille riens (par Catherine Havel)
Au passant d'un soir, extrait (par Téodia)
La vie ardente (Béatrice Dominguez)

 Ouvrages consultés

- Stefan Zweig, Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre, éd française P. Belfond, 1985.
- Lucien Christophe, Émile Verhaeren, Classiques du 20e siècle, 1955.

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Pierre Blavin - É. Verhaeren, un nostalgique fasciné par le Progrès - 5

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