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Saint Michel

Jamais plus l’air frais dans la maison ni l’odeur
Du vent quand il fait beau sur la terrasse blanche
Ni les hortensias habillés ni la branche
D’un sapin précurseur.

Jamais plus - masure en grises pierres anciennes -
Prairie ébouriffée - un cheval un château
Un fossé qui ruisselle un arbre chapiteau
Des colonnes pérennes.

Jamais plus les tas de bois noir comme adossés
À la muraille verte et haute et le garage
Obscur - et trop rempli ! - Montagne du courage
Caverne aux jeux passés !

Jamais plus le gravier sous la petite roue
D’un vélo les cressons - barbelés des adieux -
La route feuille rouge et le bruit curieux
De nos pieds sur la boue.

Jamais plus ! Pleurs de Saule et la butte au lointain
Et le chien fou de joie et les milliers d’orties
Que le toit bleu protège. Et les vitres sorties
Et le désir de rien.

Jamais plus les jeux de cartes châteaux de sable
Le Soleil sûr de luire aux pentes de béton
Le manège - éblouir ! - et le glorieux pompon -
Après-midi friable.

Jamais plus les tunnels creusés pour se tenir
La main ni les volets fermés ni le silence
Sous les draps qui sentent bon le coq innocence
D’un réveil d’un soupir

Et tous ceux que l'on aime. Au matin les sourires
Les tartines de miel et les bols à prénoms.
Jamais plus ! Jamais plus ! Les blagues les sermons
Les contes et les rires.

 

François-Xavier Desprez, Morceaux d'hiver

© François-Xavier Desprez
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