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Le veilleur du mal
(Pastiche du « Dormeur du Val » d’Arthur Rimbaud)

Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud
Ton petit val qui mousse de rayon
N’est plus. Les hommes y ont bâti de hauts murs.

C’est un trou de béton où hurle la colère
S’effritant tristement aux portes aux haillons
Obscurs, où le soleil sur la ville fourmilière
Ne luit, c’est une grande cité à l’abandon.

Un homme jeune, pauvre, salement vêtu
Et rugissant d’écume d’être miséreux,
Veille. Raide, sous le froid battant ses mains nues,
Blême, il cherche ce que le monde a de pieux.

Les pieds sur le bitume, il rêve. Pleurant comme
Pleurerait en habit noir la mère de l’enfant mort.
Humain aidez-le à survivre : il exhorte

L’exhalaison des nuits aux chemins des enfers,
Vomissant les jurons de l’agonie des hommes.
Il veille dans la haine, les poings dans le ciel.

 © Gérard Trougnou

 

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