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Chant des temps anciens

Une rumeur vient de Vilnius : il faut seller le destrier !
Les chevaliers de Marienbourg sur nous se ruent pour le pillage.
Adieu, petite soeur, porte-toi bien ! Aie du courage !
Peut-être reviendrai-je vivant au pays des aïeux.

Depuis longtemps, les chevaliers regorgent de richesses ;
Aux coupoles des cités l’or étincelle, la soie déborde des coffres.
De Prusse pour moi je rapporterai une épée d’acier bien roide,
Pour toi, petite sœur, une ceinture à plaques d’or, un châle de soie.

L’alouette chante, le printemps est de retour ;
Mais le doux garçon ne revient pas de Marienbourg !
Le soleil s’est couché, le sang a ruisselé, la bataille est finie,
Là-bas pour la patrie le bien-aimé a laissé sa vie.

Mes amies de soieries se parent, la joie les fait chanter ;
Moi, seules mes larmes brillent et des tombes viennent me hanter !
Tu ne me diras plus de mots d’amour, doux ami,
Tu ne passeras pas l’anneau d’or à mon doigt blanc.

Traduit du lituanien par Jean-Claude Lefebre
Maironis, Chants des temps anciens
© Revue Cahiers lituaniens
« La Lituanie par son histoire et sa culture »

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