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Amis, il est bien tard

Amis, il est bien tard, les cieux se font timides,
J'entends, dans le lointain, les cloches d'un troupeau,
Des bêlements inquiets qui troublent les coteaux,
Tandis que le bouvier les suit dans l'herbe humide.

Dans l'agonie du jour, s'envolent les sarcelles,
Là, sur un toit désert, la Lune vient s'asseoir
Et la verdeur des joncs s'irise, dans le noir,
De larmes de rosée en fines étincelles.

Sur les verts espaliers, descend le crépuscule
Tel un ange des cieux, quand se fane le soir
Et le silence gris écrit son désespoir
Dans mon cœur esseulé en lettres majuscules.

Amis, il est trop tard et j'entends le tocsin,
J'ai supporté l'assaut de tant de vents contraires,
J'ai traîné trop longtemps mon âme sur la terre,
Amis, pardonnez-moi, l'exil est mon destin.

Ma vie est vide hélas, la voici à son terme
Et lorsque je boirai le vin de la ciguë,
Amis, ne pleurez point, trinquez à mon salut,
Mais ne retenez pas les portes qui se ferment.

Cypora Herszhorn-Sebagh

© C. Herszhorn-Sebagh
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