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Poésie polluée

La Poésie est une souillon
logeant plus souvent
dans les mansardes
que dans les palais,
traînant par les rues pauvres
son jupon troué,
plus à l'aise dans les bas quartiers
que dans les demeures
des grands de ce monde.
Elle a mauvaise réputation,
elle sent le parfum bon marché,
les odeurs plébéiennes,
les fins de mois difficiles,
les passés révolus,
les présents incertains,
les avenirs improbables...
Elle vit de l'Air du Temps,
tant qu'il est encore temps
de respirer l'air, doutant
qu'elle pourra le faire demain,
d'autant qu'à Tchernobyl
comme à Pierrelatte
(ou ailleurs...)
il a un drôle d'air,
l'air que l'on respire,
sans avoir l'air de rien...
La Poésie, dans tout cela ?
Elle supporte la raillerie,
l'indifférence, le mépris,
la misère,
mais pas les microbes
ni les neutrons.
Elle a survécu aux grandes peurs,
aux guerres et aux pestes,
aux apocalypses,
aux camps de la Mort,
mais pas aux bactéries...
Telle une sorcière du Moyen Âge,
elle traverse le Temps et l'Espace,
avec sa chevelure de folle
et ses guenilles superbes...
Passant qui la croise,
tends-lui la main,
fais-lui l'aumône,
fais-lui l'amour, (dont Elle a tant besoin...)
C'est T0I que tu protèges.
Ta Vie, ton futur,
celui de Tes Enfants,
(s'il en est ENCORE temps...)

Claude Mercutio
17-12-1988, 4 h 15

© C. Mercutio
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