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Pour croquer la tronche d’un piaf

Pastiche de « Pour faire le portrait
d'un oiseau » de Jacques Prévert

D'abord acheter une cage, une grosse cage
    Aux puces de préférence
Une grosse cage pour un gros piaf !
Parce que cela fait plusieurs jours
Que l'on n'a pas becté !
    Donc acheter
Quelque chose de primaire, quelque chose de laid
Quelque chose d'inutile, pour un piaf,
Parce qu'un piaf c'est con...
Pourquoi faire dans la finesse ? ? ?
    Même pour un poème ! ! !
Placer ensuite la cage sur un résineux
Dans un potager, dans un fourré ou un bosquet
Où vous voulez ! C'que j'en dis !
C'est pour vous, moi j'm'en tape
Je n'aime pas la bidoche
Ensuite s'planquer derrière l'résineux ou autre,
    C'est vous qui voyez !
Attendre, sans jacter, sans broncher
Attendre que l'piaf veuille bien s'décider
A s'pointer. Attendre mais pas l'éternité
    Quand l'piaf s'pointe !
Dans la cage, refermer fissa la cage
Ensuite le ram'ner dans sa piaule
    Faire bouillir de l'eau
L'tremper d'dans pour l'dépouiller
Puis l'mettre dans l'four, au moins une plombe
Si l'piaf chante au bout d'une plombe
C'est mauvais signe, signe qu'il est encore vivant
Si l'piaf ne chante pas c'est bon signe
Signe que l'on peut s'bâfrer
    Un dernier conseil
    Si l'putain d'piaf
Ne vient pas dans la putain d'cage
Oui ! Je sais putain c'est vulgaire
Mais je n'ai pas trouvé mieux
Donc ! Si l'piaf ne se pointe pas
Allez chez l'commerçant du coin
Acheter un p'tit poulet fermier
    C'est moins chiant
Car déjà plumé et vidé
Et si vous n'avez pas de thune
    Eh bien volez-le !

Gérard Trougnou

© Gérard Trougnou
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