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Attirance, correspondance, poésie, échec

Le biographe Jean-Paul Goujon a remarquablement bien résumé le comportement de Renée Vivien, qui se lit dans ses vers et entre ses vers. Je vais suivre là de très près ses conclusions.
Presque toujours, elle s'est sentie attirée par des personnes qui incarnaient la poésie ou un univers poétique. La relation avec la personne choisie s'est nouée à travers une correspondance où se mêlaient littérature et confidences personnelles. L'être aimé a provoqué une importante production poétique, dont vous n'avez eu ce soir qu'une petite partie. Un obstacle infranchissable est venu à la fin pour conduire cette relation à l'échec.
Mais l'absolu, pour elle, c'était la littérature. Dans ses huit années de production littéraire, elle a écrit une bonne douzaine de livres de poèmes, un de nouvelles, un roman, une biographie (d'Anne Boleyn) et quelques autres ouvrages de divers genres. Et inlassablement, elle a retravaillé ses poèmes pour des rééditions. La critique l'a parfois encouragée. Considérait-elle à la fin de sa vie que son œuvre constituait une réussite ? Réponse dans le poème « Vaincue ».

« Nul ne les lira jamais », tes vers, ô Vivien, tu exagères... De ton vivant, ils ne sont pas passés inaperçus. Et, difficilement, certes, ils sont parvenus jusqu'à nous mais ils ont résonné ce soir dans cette Cave chaleureuse... Beaucoup parmi nous pensent sans doute qu'ils ont atteint à l'excellence sinon à la « calme excellence » que tu évoques dans ton poème. Mais il est vrai qu'il faudra peut-être attendre le centenaire de ta mort, en 2009, pour voir paraître une réédition de ton Œuvre poétique complète !
Quelques musiques sont venues aussi ce soir se mettre au service de la poésie de Renée Vivien. Terminons avec « l'heure équivoque et tendre du crépuscule », « Twilight », chanté par Laurence Fosse.

Pierre Blavin
15 février 2003

© P. Blavin
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