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L’éclat de son regard déteint,
Souvent, sous trop de souvenirs,
Chaque fois que le jour s’éteint
Et que la nuit tarde à venir.

Pourtant !... Ses yeux peuvent toujours
Jeter leurs grappins en œillades
Et brûler, dans le demi-jour,
Avec des parfums de noyade...

Bien sûr, sa fraîcheur a passé,
Diluée sous les assauts du temps ;
Et la mélodie s’est faussée
Qui chantait ses formes d’antan.

Mais que son charme est provocant
Sous le voile de ses fêlures ;
Et s’il n’est plus braise et volcan,
Il en est toujours la doublure...

Cette femme usée, qu’elle est belle,
Avec son corps à marée basse,
Et l’écume, en coin de dentelle,
Ourlant le bord de son impasse :

C’est une crique aux roches tendres
Où quelque falaise amarrée,
Par ses failles, nous laisse entendre
L’ancienne force des marées ;

C’est une femme à mi-chemin
Qui se dilue, passionnément,
Belle hier et jusqu’à demain,
Et riche en elle, immensément.

Christian Gros

© Christian Gros
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