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Deux icônes d’enfants

Aussi belle elle était que la douce Madone,
Lui venait en son temps de prononcer ses vœux,
Elle portait aussi une robe de nonne,
Ils avaient tous les deux voué leur vie à Dieu.
On les trouva ainsi gisant en la chapelle,
Leur deux mains s'effleuraient d'un geste gracieux,
Traversant un vitrail au-dessus de l'autel
Un rayon de soleil illuminait leurs yeux.
Deux icônes d'enfants baignées par la lumière,
D'une lueur divine auréolée de bleu,
Deux oiseaux échappés de leur cage première
Qui avaient préféré s'envoler dans les cieux.
Côte à côte allongés, leur bouche à peine éclose
Innocente fraîcheur de deux boutons de rose,
Ils n'avaient pas vingt ans, tout juste des enfants,
Et n'avaient pas voulu devenir des amants.
En implorant le ciel, cherchant du réconfort,
Ils ne pouvaient lutter contre un amour si fort.
Quel est ce scélérat, ce démon audacieux,
Qui a fait ce jour-là se rencontrer leurs yeux.
Ils n'étaient plus en paix rongés par le remords,
Et plutôt qu'un parjure, ils choisirent la mort.

Françoise André

© F. André.
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