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L'enfant

La nuit qui vient frapper à ma porte des songes,
La nuit qui vient souffler sur ma nuque promise,
Peut-elle deviner qu'il bat sous ma chemise
Un cœur totalement désarmé de mensonges.

Peut-elle appréhender qu'il n'y a plus aucune
Armure de mon corps pour mieux me protéger,
Qu'à la merci du monde et du rêve assiégé
Je suis comme un oubli, une ombre, une lacune.

Peut-elle percevoir les peurs que j'évacue,
Ces images qui m'ont imprégné jusqu'au soir
Des vivants et des morts dans le grand repoussoir
Du tableau de l'horloge inhumaine, invaincue.

Peut-elle m'expliquer, mais elle ne le peut,
Pourquoi je panse en moi ces vilaines blessures,
Ces guerres que je vois, comme autant de fissures,
Dérouter le chemin de nos vies pour si peu.

La nuit qui vient troubler mon sommeil étouffant,
La nuit qui vient veiller sur mon front en émoi
Sait-elle seulement qu'au plus profond de moi,
Devant son corps de soie je ne suis qu'un enfant.


© Emmanuel Yves
Ecrit le 23/09/2007
Retouché le 24/02/2008

© Emmanuel Yves
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