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Lorelei, adaptation de Gérard de Nerval

Mon cœur, pourquoi ces noirs présages ?
Je suis triste à mourir.
Une histoire des anciens âges
Hante mon souvenir.

Déjà l’air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant ;
Seul un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.

Là-haut, des nymphes la plus belle
Assise, rêve encore ;
Sa main, où la bague étincelle
Peigne ses cheveux d’or.

Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez, fuyez ! La voix touchante
Ensorcelle le cœur.

Dans sa barque, l’homme qui passe,
Pris d’un soudain transport,
Sans le voir, les yeux dans l’espace,
Vient sur l’écueil de la mort.

L’écueil brise, le gouffre enserre,
La nacelle est noyée,
Et voilà le mal que peut faire
Lorelei sur son rocher.

Gérard de Nerval



 

 

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