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Magnétisme

Encor ce drapé rouge enveloppant ton corps
Faisant de toi Madame une autre Terpsychore,
Encor ces bras-liane offerts à des caresses,
Ce regard de velours, ces paupières traîtresses
Qui cacheraient peut-être un élan inconnu,
Ce buste qu'on voudrait redécouvrir à nu,
Cet attrait fascinant qui jamais ne varie
        « Je vous salue Marie »

Encore cette voix qui semble m'appeler,
Ces dièses, ces bémols qui veulent s'emmêler,
Cette note charmeuse à la fois envoûtante
Et vous prenant le coeur, qui devient enivrante,
L'albâtre de tes mains qui dessinent l'amour
Programme sensuel dont on ferait le tour,
Quel est donc ton secret, dis-moi belle Egérie ?
         « Je vous salue Marie »

As-tu perçu vraiment le fil impérieux
Qui voulait se nouer obsédant, insidieux,
Dans chacun des regards qui te mangeaient dans l'ombre,
Façonnant éblouis, tant de rêves en nombre ?
As-tu senti ce lien s'approcher sans pudeur
Pour te dire à l'oreille où germait mon bonheur,
Pourquoi tant de lumière et tant de féérie ?
        « Je vous salue Marie »

Quand tu m'as demandé : « Mais pourquoi m'écris-tu ? »
J'aurais voulu répondre : « Ah ! J'ai tant combattu
Pour ne pas révéler ma sublime attirance ! »
Mais Eros bien trop fort voulait ma délivrance,
Et je me suis livré comme esclave soumis,
De cet envoûtement ne m'en suis pas remis.
Es-tu l'Apothéose ou bien la Walkyrie ?
        « Je vous salue Marie »

Francis Jammes, Brassens avaient beau t'inspirer
Je n'avais qu'un désir, ton âme à respirer !
Ce chant ruban de soie enchantant l'auditoire,
Je pensais au baiser, pour moi seul exutoire
Qui pouvait dans l'instant apaiser mon tourment...
Pouvoir revivre encor l'ineffable moment !
Mais cette source un jour sera-t-elle tarie ?
        « Je vous salue Marie »

Adrien Cannaméla

©A. Cannaméla
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