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Le chemin de Violette
Poème d'Isabelle Jousseaume

Le chemin de Violette
Joyeuse enfant à la bouche églantine
Frais parfum de la fleur entr’ouverte

Au sein d’un foyer caressant
Surgit l’épouvante d’une blessure
Les murs se rapprochent, il n’y a plus d’issue
Le foyer devient froid

Violette, tu n’oses plus ta vie du dehors
Qu’à travers le mensonge
Tu ne peux te révèler
Tu deviens une autre éperdue, perdue

Violette-mensonge, il te faut dissimuler
Ton jeune corps souillé par le père
Tu mens à l’écolière que tu aurais pu être
Tu mens à la jeune fille que tu ne saurais être

L’enfant joyeuse a vacillé sur un chemin de boue
Derrière l’ardente soif de conquêtes amoureuses
Se cache l’autre soif de l’amour d’un homme
Tu tends le fil gluant du foyer jusqu'aux rencontres du hasard,
et tu reviens

Et tu reviens, deviens haine, rêves de la mort
Du père insatiable
Tu veux empoisonner, tu empoisonnes
Tu deviens criminelle

Seule, à perte de vue
Sous l’ombre opaque des centrales de France
Où s’épuisent la lassitude des jours
Le chemin de Violette

Pauvre enfant à la bouche morte
A perdu son parfum
Et c’est couronne d’épine que ton nouveau chemin

Il mène lentement à mourir sous l’indistincte lueur
Mais au bout de ta nuit sous la vacillante lumière
Loin, très loin, se profile l’amour, la vie

Violette, joyeuse enfant à la bouche églantine
Frais parfum d’une fleur qui s’ouvre, enfin.

 

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