Le concert de la chapelle

J’entends la gravité du violoncelle
S’émancipant de l’alto et du violon
La musique nous circonvient
Elle nous submerge ricochant
Sur les cuivres de nos armures
Puis elle force nos défenses
Comme si d’imprévus bataillons
Dissimulés au sein d’un cheval de bois immense
Gîtant au cœur de l’idole rayonnante
Surgissaient de toutes les entrées
De la chapelle vouée au sacrifice
Et faisaient entendre timbres et cymbales
Dans une tempête de verdure
Dans une cathédrale de hauts monts
Dans un cliquetis d’accords déchirants

D’un coup le déchaînement s’éteint
Tout se tait

Naît ce silence vivant
Comme échappé d’un autre temps
Un silence qui ne ressemble à rien de connu
Comme la source de très anciens souvenirs
Peut-il prendre fin ?

Mais la houle roule à nouveau
La mer musicale passe et repasse
Sur les âmes tendues à se rompre
Les soupirs et les repentirs renaissent et rient
À présent la marée des personnages
De nos fictions
Occupe le jardin sauvage de nos songes

Tout à l’heure la nuit viendra cueillir
Les toits de la ville.

Jean-Francois Blavin
Le Charroi des lisières,
D'Ici et d'Ailleurs, 2008

© J.-F. Blavin, 2008