Noms de rues / La rue

Noms de rues

La constitution de notre pays proclame Liberté, Egalité, Fraternité. Paris honore aussi ces 3 valeurs, en donnant à chacune d’elles le nom d’une rue, et de plus les associe comme dans la constitution, puisqu’elle les regroupe dans le même arrondissement le 19e, et qu’elle les relie si étroitement que l’on passe de la rue de la Liberté, dans la rue de l’Egalité, et de celle-ci dans la rue de la Fraternité.

Mais Paris semble préférer la liberté à la sécurité, car la Liberté est une rue, et la Sécurité un simple passage.

Paris compte plus de rues où - d’après leur nom - on vit bien (rues de la Paix, du Repos, du Bon-Secours, de la Santé, de la Gaité, des Bons-Vivants, du Beaujolais) que de rues où l’on vit mal (rue de l’assommoir, rue du calvaire).

Par ailleurs Paris a une rue de la Prévoyance et une rue de la Fidélité, mais dans l’ensemble les vertus y sont plutôt ténues, puisque la rue de la Confiance est une impasse, et celle de la Vérité un passage. Il est vrai qu’en contrepartie Satan n’est aussi qu’une impasse.

Concernant l’intelligence, les Innocents ont une rue, alors que le Génie n’a qu’un passage.

Paris s’est inspirée des contes pour enfantsde Perrault et de Walt Disney, puisque Paris a la rue Bergère et la rue des Princes, même si ce ne sont pas des princes charmants.

Paris a de nombreuses rues dont le nom estsigne de richesse, telles les rues du Château, des Couronnes, Leriche, de la Monnaie, du Trésor.

Pour finir, si des rues sont plutôt repoussantes, telles les rues Pelée, de la Mare, du Marais, du Ruisseau, d’autres sont attrayantes, telles les rues de l’Hirondelle, des Oiseaux, des Liserons, des Orchidées.

La rue

Certaines rues sont à courant d’air :
On s’y hâte, comme un éclair.
D’autres sont résidences pour richards,
Alors qu’ailleurs campent des clochards
Dont des gens détournent leur regard
Surtout quand, nuit tombée, il se fait tard.

D’autres donnent une pièce, voire un billet
Quand celui qui tend la main est estropié.
Certains mendient avec un chien ou un bébé
Pour déclencher une généreuse pitié.

Des rues sont engorgées par les automobiles
Dont les chauffeurs, impatients, se font de la bile.
Tandis que des flâneurs, dans des rues piétonnes,
Admirent des vitrines, dont la devanture étonne.
Selon la saison ils dégustent des glaces
Ou des marrons chauds, mais toujours se délassent.

Certaines rues offrent le même dépaysement
Qu’un voyage à l’étranger plein de piment,
En effet elles sont gaiement colorées
Et des langues de tous pays y sont parlées.

Ailleurs, des amoureux, dans une coulée verte
Effeuillent marguerites ou pâquerettes.
Là, loin des autos et des bruits de la ville,
On se croirait, promenant d’un pas tranquille,
À la campagne, parmi fleurs et feuillages,
Où l’on jouit de la beauté des paysages.

Ainsi, pour la rue, à Paris, on est gâté.
Car on peut faire ses achats à volonté
Dans les rues à devantures,
Ou flâner, comme dans la nature.
Vraiment la rue offre un choix fou,
Elle peut satisfaire tous les goûts.

© Pierre Daumas