Dans la rue d'en face
Variations sur « Le bonheur est dans le pré » de Paul Fort

1e partie : ll change de place

L’bonheur est assis
dans le pré d’en face
dit la vache
qui s’ennuie
en lorgnant l’espace

Mais non L’bonheur court
après tout’ses queues
dit le chat
rigolo
qui fait le gros dos

Oui le bonheur trace
Pas comm’la limace
dit l’scargot
au repos
au fond du jardin

Mais non L’bonheur tient
dans le creux d’un’main
dit l’manchot
Une idiote
Pourtant il me botte

Maint’nant l’bonheur dort
dans mon corridor
dit l’concierge
Plus dehors
pas tiré d’l’auberge

L’bonheur c’est peu d’chose
chant’le vieux Léo
du chagrin
qui s’repose
L’épine et sa rose

C’est un goss’des rues
Ne le cherchez plus
dit l’poète
qui se marre
et poursuit sa quête

Arrêtez l’enquête
Il vient s’il a faim
dit l’clochard
un peu tard
pour le grand festin

L’bonheur est assis
dans la rue d’en face
Moi j’vous l’dis
On n’a pas fini
de lorgner l’espace

Il est à côté
Vit’Déjà il passe
On est près
d’le toucher
mais il chang’de place

Et patin couffin
J’vous dis qu’il revient
- Rien ne presse -
Il traverse
rue d’l’Eternité
Il traverse
rue d’l’Eternité


2e partie : Ruée vers le bonheur

Tu ne seras bientôt, froide comme le marbre,
qu’une dépouille affreuse où la chaleur du jour
défiltre goutte à goutte et la joie et l’amour
Rue-toi sur ton bonheur comme singe à son arbre

Goûte miette après miette aux instants qui nourrissent
Leur forme et leur parfum qui déjà te ravissent
inerveront ton être et se réfléchissant
donneront sa couleur à l’environnement

Enfin de proche en proche et l’espace battant
le tam-tam de ton cœur allègrement qui vibre
marie l’humanité de tant de maux à vivre
au cri du colibri au poème et au chant

Une ruée vers l’or n’a plus le même charme
Le bonheur est un ru Fidèlement il suit
les divers aléas qui toujours ont conduit
Fabrice del Dongo en Chartreuse de Parme 

© fanFan, janvier 2016