Hommage à Jean RichepinBelle et grande gueule (1846-1926)
Soirée du 23 janvier 2006

Par Pierre Blavin

Jean Richepin, qui aimait le beau langage, y compris l'argot, c'est d'abord une belle « gargarousse », une belle gueule. Regardez-le avec les yeux de Maurice Bouchor la première fois qu'il le rencontra : « Comme il me parut beau, svelte et charmant ! J'admirai sa noire chevelure bouclée, ses yeux de topaze, ses dents blanches, son brun visage viril et fin, encadré par une barbe légère qui laissait à découvert le menton puissant. »

Écoutez aussi le portrait qu'en trace l'académicien Jules Lemaître : « M. Jean Richepin est un écuyer de cirque, ou plutôt un beau saltimbanque [...]°, le torse large, les lèvres rouges, la peau ambrée, les yeux de vieil or, les lourds cheveux noirs cerclés d'or, costumé d'or et de velours, fier, cambré, les biceps roulants, jonglant d'un air inspiré avec des poignards et des boules de métal, poignards en fer blanc et boules creuses, mais qui luisent et qui sonnent ».

La belle gueule est aussi une grande gueule. Voyez-le se mouvoir dans l'hôtel particulier de Nina de Villard comme le décrit un certain de Bersancourt : « [...] vêtu superbement d'un gilet brodé de fleurs vermeilles et boutonné de corail rose, M. Jean Richepin, pareil en sa radieuse et triomphante jeunesse à quelque roi barbare, donnait des conseils, approuvait, désapprouvait, dirigeait, le geste altier et la voix impérieuse [...] ». Le lecteur retrouvera souvent dans ses poèmes des éloges vibrants, des opinions tranchées, des condamnations vigoureuses, et même volontairement provocantes.

Je vous invite maintenant à un parcours rapide des étapes importantes de sa vie, à un coup d'œil vraiment très sommaire sur l'ensemble de son œuvre et à un regard plus précis sur cinq de ses huit recueils de poésie.