Julie Desmet

Quand tu joueras sur scène et qu'il se fera tard,
Parmi tout ce public qui drainera ta voix,
Sauras-tu attraper la proue de mon regard
Comme un oiseau des vents qui s'immerge parfois.

Tes longs et beaux cheveux, ces peintres révoltés
Qui tombent sur ton front O si jalousement,
Tes longs et beaux cheveux, ces diables entêtés
Qui déferlent sur toi mystérieusement,

Pourront-ils deviner la charmante offensive
Dont rêveraient mes mains au creux de leurs armées,
Le guet-apens sans fin d'une ligne cursive
Qui se dessinerait sous de hautes framées.

O combien j'aimerais cette guerre si douce !
Ce léger flottement par la souple embrasure
De tes cheveux volant à la moindre secousse
Et tout papillotant jusqu'à la démesure !

Mais je serai assis, religieusement,
A l'écoute des vers que tu déclameras,
Et la faible clarté en mon égarement
S'éteindra pour de bon : jamais tu ne sauras !

Emmanuel Yves
Ecrit le 16/12/2007


© Emmanuel Yves