La ville est à eux

Les petits matins au chaud
La buée sur les carreaux
Qui flirte avec le soleil
Tandis que dans la rue
S’éveillent les exclus
Endoloris par le sommeil
La ville est à eux
Ils sont de plus en plus nombreux
Abris de fortune agencés sous la lune

Celui qui invective
Le passant qui esquive
La honte d’être ainsi nommé
Celle qui tend un gobelet
De fast food usagé
Assise sur un carton plié
La ville est à eux
Ils sont de plus en plus nombreux
Silhouettes familières comme des statues de pierre.

Ils sont là aux carrefours
Bondissant à leur tour
Sur les voitures arrêtées
Réclament une cigarette
Contre un pare-brise bien net
Un sourire en guise de monnaie
La ville est à eux
Ils sont de plus en plus nombreux
Faisant des kilomètres pour un peu de bien être

Quand arrive la soirée
Plus ou moins fatigués
Ils sont fidèles au rendez-vous
La soupe chaude avalée
Plus de place pour coucher
Ils s’aménagent un petit trou
La ville est à eux

Ils sont de plus en plus nombreux
La canette ou le chien pour unique demain
Ils sont là ... J’enrage à chaque fois.

Laurence Fosse

© Laurence Fosse