Complainte d’une lampe Il eût fallu si peu pour que ma vie demeure,
Il eût fallu l’amour, il eut fallu le temps,
Il eût fallu la nuit sans perdre le printemps
Dans les limbes du jour quand s’endorment les heures.
Mon jupon de satin, mes pieds de porcelaine
Protégeaient les amants troublés de passion.
Étoile de minuit ou constellation,
Je veillais en douceur, semaine après semaine.
Mes lueurs scintillaient au rythme de leur souffle,
Dessinaient sur leurs corps des milliers de baisers.
Du crépuscule à l’aube, sans jamais m’épuiser,
J’accompagnais la lune avant qu’elle s’essouffle.
Mais ce soir, ô parjure ! Dans le creux du silence,
Une forme voûtée, assise sur le lit,
Laisse fuir les sanglots de chagrin et dépit,
Inondant une lettre où s’installe l’absence.
La clarté de l’alcôve illumine la perle
Qui danse avec les mots brillant dans le déclin.
Craquent feuillet blanc et objets cristallins,
En ongles acérés, la colère déferle.
Dans l’instant, il n’est plus qu’un terrible carnage.
Mes atours fracassés remplis de souvenirs
Gisent sur le parquet sans aucun devenir.
Je suis morte d’aimer au mitan de mon âge.
© Charlotte-Rita, le 3 avril 2020
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