Ma tête est à l’envers, ai-je dit ce matin.
Chaque mot s’amusait dans l’esprit sans vergogne,
Se poussait, folâtrait, devenait diablotin.
Entêté, indomptable, oubliait sa besogne.

Après avoir passé tant d’années à classer 
Les verbes et les noms dans un ordre logique,
Il m’était impossible à présent de dresser
Une liste sensée en tous points méthodiques.

Ma pensée enfouie entre creux et détours
Chercha la vérité de ces brusques absences
Et découvrit enfin, après mille détours,
L’authentique raison d’une telle arrogance.

Ecrits et souvenirs dans le flot des saisons,
Agréments ou chagrins au mitan des tendresses,
Théâtres, cinémas, lectures à foison,
Chacun se voulait roi dans une même ivresse.

La jalousie des uns, et des autres encor,
Avait endommagé mon cerveau trop fragile.
Il lui fallait choisir entre plusieurs trésors
Sans perdre pour autant sa mémoire subtile.

Je décidai alors de mettre de côté
Mon besoin d’exister, mes leçons, ma culture.
Pouvoir enfin créer, exprimer la beauté
Et que vivent les mots au cœur de la nature.

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