Lors de petits matins sur le bord de la dune
Quand le soleil se lève en un jour de fortune,
Quand la mer resplendit après le clair de lune,                      
Quand le sable jaillit sous les sandales brunes,

Que demeure l’instant.

Lors de petits matins sous les draps de l’amour
Quand la tendresse rit tel un gai troubadour,                 
Quand le rideau frissonne et vole en contre-jour,
Quand le bonheur est là sans regret en retour,

Que subsiste l’instant.

Lors de petits matins aux lueurs de l’automne                 
Quand le cœur se distrait pour une autre friponne,
Quand la rose se meurt au pied de la madone, 
Quand luit la solitude en des temps monotones,

Que s’échappe l’instant.

Lors de petits matins au sein de la douleur
Quand les débris de feu endorment la chaleur,               
Quand la lueur s’éteint, qu’éclate la pâleur,
Quand s’éloigne le rêve en des torrents de pleurs,

Que trépasse l’instant.

Lors de petits matins d’une brusque jeunesse
Quand la lumière bondit, caracole d’ivresse,              
Quand un baiser se pose emportant la tristesse,
Quand le sourire crée encor une promesse, 

Que survive l’instant.

Retour à la liste