La complainte du confiné

Vidéo-poème


À l’école où j’allais enfant,
Un jour on nous avait appris
Que notre monde était très grand,
Avec, fort loin, de beaux pays,
Et qu’il fallait beaucoup de temps
Pour les longer à l’infini.

Mais où sont les confins d’antan ?

Ces territoires d’aventure
Et leurs frontières irréelles,
Où eaux et cieux restaient si purs,
Nous faisant croire à l’éternel.
À ces confins de la nature
La liberté était si belle

Mais où sont les confins d’antan ? 

Il fut un temps où la jeunesse
Pouvait garder insouciance.
Premiers baisers, soif de liesse,
En l’avenir toute espérance,
Sommeil d’amour, rêves d’ivresse,
En l’être humain toute confiance.

Mais où sont les confins d’antan ?

D’où est venu le grand fracas ?
Guerre en tranchée ou nucléaire ?
Auschwitz, Dachau ou Treblinka ?
Soif de profit suicidaire ?
Mondialisation à tout va ?
Ou discrimination d’enfer ?

Mais où sont les confins d’antan ?

Et que dire de la vieillesse ?
Vénérée comme antiquité,
Visitée dimanche en vitesse,
Mais oubliée pendant l’été,
Lui faisant pour seule promesse
De ne jamais l’incinérer.

Mais où sont les confins d’antan ?

D’où viendront révolte et salut ?
Qui renversera nos croyances
Et compromis ne voudra plus ?
Qui fera jaillir l’espérance,
Redéfinira la vertu,
Et refusera la souffrance ?

Mais où sont les confins d’antan ?

Seuls les jeunes évidemment
Peuvent semer nouvelles graines,
Choyer nature et éléments,
Donner au monde valeurs saines,
Y faire souffler nouveaux vents,
Prendre fraternité pour reine.

Oui ! Retrouvons les confins d’antan…

© Michel Hugues

Retour à la liste