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Partir

Si la Mort me poursuit de son zèle imbécile*,
Je voudrais simplement partir le coeur tranquille ;

Avoir chéri le rêve, invoqué Cupidon,
Tout en sachant très bien que c’était du bidon ;

Danser en fredonnant mon tout dernier poème
À ce monde insensé que je quitte et que j’aime ;

Avoir croqué le temps et porté ses couleurs,
Préparer mon envol sans démons et sans peurs ;

Pouvoir mener à bien ma dernière expérience
Sans la dénaturer par une âpre croyance ;

Quand l’heure sonnera, plier mon tablier,
M’en aller sans rancune et sans me retourner ;

Dans un dernier sursaut d’audace revancharde,
M’efforcer de botter le cul de la Camarde ;

Puis, comme le poète, éparpiller des fleurs
Dans les trous de son nez
*, pour calmer ses douleurs.

Chromo de la fin du XIXe siècle

* George Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

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© Nadine de Vos, septembre 2018.
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