4 rondeaux 1.
Ô gué, il me faut un rondeau !
Les thèmes ont parfois bon dos
pour me forcer à l’écriture
sans quoi, livrée à ma nature,
je paresserai au dodo...
Mon lit ! C’est mon île, mon radeau !
Et j’en use ainsi qu’un badaud
voguant au gré de l’aventure,
Ô gué !
La mer roule sa chanson d’eau
en notes salées : sol mi do
pour me présenter sa facture
d'avoir fourni littérature
en me bricolant ce rondeau,
Ô gué !
2.
En treize vers on peut dire beaucoup de choses
Tristounettes ou gaies, exaltées ou moroses !
On peut écrire aussi tout un tas d’âneries
et dans le cas présent je n' serais pas surpris
que pour pondr' ce rondeau sur lequel je compose
n’ s'alignass'nt treize alexandrins bourrés d'arthrose
au contenu si plein d'insignifiante glose
qu'à défaut d'en pleurer, il faut bien que j'en rie,
D' ces treize vers !
Ne me vient à l'esprit que nullissime prose
à mettre en bonnes rimes qu'il faut que je dispose
en outre savamment pour gagner le pari
de fabriquer un rondeau valant bien son prix !
-- Eh, va donc ! comm' dit l'autre, Tu causes, tu causes, tu causes...
En treize vers !
3.
Ma mie m'amour
bell' comm' le jour
pourquoi vieillîtes-
vous aussi vite ?
Sans plus d''atours !
Belle-de-jour
devient toujours
un jour trop cuite,
ma mie !
et alentour
le troubadour
alors l'évite
et prend la fuite.
- Bien le bonjour,
ma mie !
4.
L'été a mis son p'tit maillot
pour la course au soleil, taïaut !
A la plage, à la mer, au sel !
Les femmes ont rasé leurs aisselles
et montrent jusqu'à leurs boyaux.
L'un déchausse ses godillots,
et l'autre hydrate ses tuyaux,
car la chaleur partout ruisselle,
l'été !
Sur la grève, pas de joyaux
mais papiers gras, étrons, noyaux
et tas d' saletés qui s'amoncellent
quand l'été revêt son maillot
pour la course au soleil, taïaut !
Var :
On ne mange plus de fayots
que des moules ou du cabillaud
à la rigueur trois vermicelles
afin qu' le ventre dans le maillot
ne ressemble à un gros caillot,
l’été !
Maryse Gévaudan
©Maryse Gévaudan |