Les chemins de ma vie Par l’éclatant soleil d’un long matin d’été,
Tel une fleur éclose, je naquis, blondinet.
Bientôt je tétais sans manières,
Puis je posais les pieds à terre.
J’étais alors sur le chemin de ma vie,
Me demandant à quoi elle me convie.
Je ne dévoilerai rien de ma jeunesse,
Sinon que mes parents m’entourèrent de tendresse.
Puis, à l’adolescence, je m’inquiète
Car je voudrais un avenir très chouette.
Mon chemin sera-t-il encombré d’obstacles à franchir,
Ou, tel un trottoir roulant, aisé à parcourir ?
Sera-t-il comme un chemin « montant, sablonneux, malaisé
Et de tous côtés au soleil exposé »,
Ou doux à couler, comme un toboggan,
Me plongeant dans un bonheur épanouissant ?
Je me demandais quel chemin prendre,
Et ce que, de la vie, je voulais attendre ?
Le chemin qui menait à la fortune, à l’argent ?
Non, ce choix égoïste, serait agir sottement
Car, qui, tel Harpagon, s’est créé un trésor,
Perdra plus que quiconque le jour de sa mort.
Le chemin conduisant à la gloire ?
Non, ses satisfactions sont illusoires.
Alors le chemin qui mène à l’amour ?
Celui-là au moins promet de beaux jours.
Par amour, je n’entends pas l’éphémère plaisir
De satisfaire un violent, mais passager, désir,
D’étreindre un court instant une femme qui passe.
Là, les sens parlent seuls, le corps vite se lasse.
Appeler ça l’amour, c’est, des élans du cœur, se priver.
Qui n’en connut point d’autre ne sut jamais aimer.
Oui, l’amour dont je rêvais alors, et qui est le vrai,
C’est de rapporter tout à la femme qui plaît.
Il exerce sur nous une heureuse influence
Car, tout en travaillant, c’est à elle qu’on pense.
On voudrait que l’aimée soit toujours plus contente,
Et pour la satisfaire, tous les jours on augmente
Son travail, son effort. Et, ainsi, notre vie
Par cette seule idée, en est toute embellie.
Enfin le soir, après le dur labeur,
Lorsque l’on peut revoir et tenir sur son cœur,
La compagne chérie, en lui disant « Je t’aime »,
Le bonheur alors atteint jusqu’à l’extrême.
Durant mon âge mûr, j’ai vécu cet amour,
Mais le décès de l’aimée y a mis fin un jour.
Maintenant retraité, je m’adonne à la poésie.
Ses belles rimes m’enivrent comme de l’ambroisie.
Quand, au bout du chemin, viendra mon heure dernière,
Au moment de redevenir fine poussière,
J’emporterai des poèmes dans ma tombe, sous terre,
Pour que s’en régalent, plutôt que de mon corps, les vers de terre,
Tandis que je goûterai un paisible et éternel sommeil,
Que ne troublera jamais la brusque sonnerie d’un réveil.
Pierre Daumas
© Pierre Daumas
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