Matin coloré Il est un blanc matin où le soleil rayonne
Contre un baiser suave et un bouquet de fleurs
Pendant que s’entrebaille une douce chaleur
D’un printemps lumineux, d’un merveilleux automne.
Il est un noir matin où le nuage crève
Hors le moindre répit sous la voûte du ciel.
Comme l’orage gronde en l’éclair éternel,
Un fragment de l’instant s’éloigne de tout rêve.
Il est un bleu matin où danse la mémoire
De temps ensevelis, chargés de souvenirs
Assaillis d’un visage, encore à retenir
Avant qu’il ne s’éteigne en un conte illusoire.
Il est un vert matin où l’espoir cabriole
Dans l’attente du jour ouvert à tout dessein,
Désirs et voluptés bien au creux de son sein,
Lors d’un geste riant, d’une exquise parole.
Mais toujours est matin où la couleur scintille.
Aussi bien accablé que d’un éclat parfait,
Il expose un tableau peint d’un jardin abstrait
Quand chantent le bleuet puis la tendre jonquille.
© Charlotte-Rita Pichon |