Coups de foudre | Une écriture unique Je me suis donc plongée dans la lecture de ce recueil et ses poèmes depuis m'accompagnent, tant j'y trouve si finement et fortement formulés ces états d'âmes en proie aux doutes, aux peurs, aux tristesses, aux luttes, aux joies que nous éprouvons tous un jour ou l'autre. L'écriture de Maurice Scève, une fois passée l'étape du message attendu (un JE qui aime, un TU qui est à un autre) et une fois oublié le respect d'un certain genre amoureux de dire poétique (les références mythologiques), m'a plu en ce qu'elle a d'unique. Maurice Scève invente une langue qui s'affirme par des bizarreries de lexique et de syntaxe. Il puise dans des mots anciens venus du latin, de l'italien ou de l'espagnol pour en former de nouveaux, ou il forge de toutes pièces, à partir de mots existants, d'autres mots qui en dérivent, à charge au lecteur d'y trouver un sens. CDXXI Voulant je veux que mon si haut vouloir * Avolée : accourue en volant. Maurice Scève crée également, par des constructions de phrases au sens indécidable, en raison de tournures alternatives ou d'éloignement du verbe et du sujet, un style original qui oblige le lecteur à reprendre, à peine aboutie sa lecture, le fil du poème pour en rechercher le sens. Par ailleurs, la condensation formelle extrême du dizain de décasyllabes donne à voir le poème lui-même comme une sorte de dessin, un carré compact, où l'écriture difficilement compréhensible donne, par cette difficulté même, une place toute particulière à la langue qui devient en elle-même un moyen de se libérer des contingences du temps en questionnant le sens des mots, une échappatoire sonore au cadre graphique trop strict, le souffle vivant qui traverse le temps de la lecture, et inscrit l'écriture dans un registre d'éternel recommencement ou de recherche de sens à perpétuer.
-> Pour approfondir : consultez la biblio-webo-graphie. ________
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