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Mais qui est donc R. Vivien ?
Soirée du 10 mars 2003

Par Pierre Blavin

Renée Vivien

Dans cette présentation,
Chantal Zingarelli a tenu le rôle de Renée Vivien.

Les poèmes proposés aux amis
de la Cave ont été choisis par
Ch. Zingarelli, É. Patinier, P. Blavin
et G. Trougnou.

 
Un jour d'avril 1901, dans une conférence, un poète, Charles Fuster, parle avec enthousiasme d'un recueil qui vient de paraître, où, dit-il, un homme exprime sa brûlante passion pour sa bien-aimée. Deux femmes alors, étouffant à grand peine un fou-rire, se hâtent de quitter la salle. Les aperçoit-il ? L'histoire ne le dit pas.

Dans la même période, un autre poète, lecteur plus attentif, Edmond Rocher, donne son avis sur ce même recueil, qui s'intitule Études et préludes etqui est signé R. Vivien :« Jamais aucun vers, durant tout le volume, ne révèle si l'amant est masculin ou féminin. Le vers est solidement fait, par là se révélerait l'homme [sic], mais les caresses sont trop ambiguës pour que tienne l'hypothèse. Admettons, pour contenter tout le monde, que ce soit hermaphrodite. »

Chantal ZingarelliLes deux femmes qui s'étaient enfuies de la conférence de Fuster étaient Natalie Barney, la bien-aimée des poèmes, et Pauline Tarn, qui pour son premier livre venait de se choisir un pseudonyme : Renée Vivien, prénom ambigu et nom sans doute en référence au héros souffrant, Vivien, de la chanson de geste occitane La Chanson de Guillaume. Sur la couverture du livre, le prénom, on l'a vu, ne figurait que par l'initiale. Pauline reçut plusieurs lettres d'éloges adressées à M. René Vivien et cela l'amusait beaucoup, précise son biographe, Jean-Paul Goujon.
Cet universitaire était en 1986 professeur de littérature française à Séville. C'est de son ouvrage, intitulé Tes blessures sont plus douces que leurs caresses, vie de Renée Vivien paru cette année-là chez Régine Desforges, que j'ai tiré les anecdotes et la plupart des renseignements pour la présentation de ce soir.

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