Coups de foudre | Femmes aimées Voici juste quelques indications pour situer les plus grandes inspiratrices de Renée Vivien, dont les vers épousent si étonnamment les méandres compliqués de sa vie sentimentale. Natalie Clifford Barney (1876-1972)C'est Violette Shillito qui la présenta à Pauline lors d'une matinée au Théâtre-Français vers la fin de 1899, alors qu'elle venait de défrayer la chronique par sa liaison avec Liane de Pougy. Dans Claudine à Paris, Colette la décrira ainsi (sous le nom de Miss Temple-Bradford) : Quant à Pauline, elle fut vite fascinée. Ta chevelure d'un blond rose Et tu passes, ô Bien-Aimée, Lorsque tu lèves tes paupières, Études et préludes, Chanson. Les amours de Renée et de Natalie se caractérisèrent par une série de ruptures et de raccommodements... Mais le pire pour Vivien, c'était lorsque Nathalie s'intéressait à un homme : L'amour de l'homme, c'est l'affront suprême,écrivit-elle dans une lettre de « règlements de comptes ». C'est Vivien qui rompait en général. Seule sa mort constitua la rupture définitive. Natalie Clifford Barney tint à partir de 1910 pendant soixante ans un salon littéraire où se pressaient Valéry, Max Jacob, Pierre Louÿs, Rémy de Gourmont (qui fut amoureux d'elle), André Gide... et bien sûr des femmes. Elle mourut centenaire, ayant bien appliqué la devise de sa mère : « Vivre et laisser vivre ». La Baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt (1863-1947)Née d'un mariage consanguin dans la famille Rotschild, elle disposait d'une très grande fortune. Elle avait épousé un baron belge chrétien, ce qui la brouilla avec sa mère, israëlite intégriste, dirait-on aujourd'hui, et elle se convertit au catholicisme après son mariage. Sobriquet : « la Brioche ». D'elle, Willy aurait dit : « sa taille évoque plutôt la gourde que l'amphore » mais il paraît que, dans une société où les femmes d'un certain embonpoint n'étaient pas du tout une exception, elle avait en fait une certaine prestance. Pour Vivien, c'était De 14 ans plus âgée que Vivien, elle fut sans doute pour elle une seconde mère car elle lui apportait la sécurité et une ambiance propice au travail. J'avais besoin de toi comme d'une eau courante La soif impérieuse Se piquant elle-même d'écrire, Hélène lui offrait aussi une occasion rêvée de collaboration littéraire : plusieurs de ses ouvrages ont été en partie écrits par Vivien. Kérimé Turkhan-Pacha (1876-1948)Elle demeure en son palais, près du Bosphore,
Le souvenir de ta chair m'épuise et m'enchante... Je ne puis oublier la saveur de tes lèvres... Les autresIl y eut beaucoup d'autres femmes aimées au moins un instant... Mais laissons dans l'ombre les Eva Palmer, Olive Constance, alias Opale, Émilienne d'Alençon, Madeleine Rouveirollis et autres Jeanne de Bellune, cette « ivrognesse au visage rouge et sans beauté », disait Natalie. Elles sont peut-être, elles aussi, derrière certains des vers que vous allez entendre - et vous ne le saurez pas et vous avez bien raison de ne pas demander à le savoir.
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