Chanson (La mer...) La mer murmure une musique
Aux gémissements continus ;
Le sable met, sous les pieds nus,
Son tapis de velours magique.
Et les algues, sœurs des coraux,
Semblent, à demi découvertes,
D'étranges chevelures vertes
De sirènes au fond des eaux.
Le vent rude des mers rugueuses
Ne souffle point la guérison...
Ah ! le parfum... ah ! le poison
De tes lèvres, fleurs vénéneuses !
Tu viens troubler les fiers desseins
Par des effluves de caresses
Et l'enchevêtrement des tresses
Sur les frissons ailés des seins.
Ta beauté veut l'attrait factice
Des attitudes et du fard :
Tes yeux recèlent le regard
De l'éternelle Tentatrice.
Renée Vivien
Cendres et poussières, 1902 |