La passion d'un poète mystique Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure,
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain.
Or, s'il est une chose amère, désolante,
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse rout', qu'on s'est trompé d'idée,
Mourons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente.
Georges Brassens
Imprégné du savoir de maîtres estimés,
De l’intime divin il se fit le poète,
Au mysticisme pur, à la vie d’ascète,
Attributs transcendants si souvent suspectés.
Prêcheur talentueux, prophète reconnu,
Il porta sa parole au-delà de la Perse :
L’union de l’âme à Dieu, cette unique sagesse,
Qui ne dépend de rien mais dont tout est issu.
Le Livre ni la Loi ne pouvaient assouvir
Son besoin d’absolu, cette urgence vitale,
Fondu dans un désir d’immensité fractale
Qu’aucune religion ne saurait asservir.
Il unit son esprit avec la déité :
Celui qui l’aime est lui, il est Celui qu’il aime…
Ses discours éperdus confinant au blasphème,
Accusé d’hérésie, il fut exécuté.
Quelque mille ans plus tard, après libre examen,
Tirons de ce récit la morale insolente :
« Mourons pour des idé's d’accord mais de mort lente ;
Allons vers l’autre monde en flânant en chemin. »
© Nadine de Vos, février 2020 |