Coups de foudre | Lire et entendre Richepin aujourd’hui Maintenant que vous avez entendu ou lu un peu de Richepin, je vous livre deux jugements globaux contradictoires mais reposant sur un socle commun. Le critique Benjamin Crémieux écrit : « S'il est permis de se demander si le temps respectera l'œuvre de ce vrai poète, c'est que la forme de son œuvre est loin d'avoir l'originalité du contenu. Jean Richepin est resté toute sa vie un disciple de Hugo et de Banville ; il n'a pas trouvé une forme personnelle ». Parlant de Baudelaire, de Flaubert et de Richepin, Paul Bourget, dans son « Hommage à Jean Richepin » dans Le Figaro du 18 décembre 1926, en ferait plutôt une qualité : « Aller aussi loin que possible dans la peinture des mœurs et des sentiments modernes et maintenir, avec une intransigeante rigueur, la tradition de la langue classique, tel est le trait commun à ces trois maîtres ». Comme vous l'avez compris, la richesse thématique n'est pas le point le plus fort chez Richepin. C'est sa prodigieuse invention verbale et prosodique qui compte : tout se résume à quelques idées simples et pourtant, à parcourir son œuvre poétique, je n'ai éprouvé que rarement l'impression de déjà lu. De son vivant, il a été un écrivain célèbre jusqu'en 1914, célébré encore jusqu'à sa mort, académicien actif, en particulier très assidu aux séances d'élaboration du dictionnaire et orateur dans de multiples manifestations protocolaires, telles que l'inauguration de monuments où son éloquence était recherchée. Il a chanté, voire mis en musique lui-même, notamment au Chat Noir, plusieurs de ses poèmes. En ont mis en musique ou chanté des artistes aussi divers que Gabriel Fauré, Gustave Michiels, Lucien Durand, Miarka Lapercerie, Yvette Guilbert, Damia, Tino Rossi, Georges Brassens et plus récemment, Éric Mie, Nicolas Bacchus et, depuis ce 23 janvier 2006, Laurence Fosse. Quelques-uns de ses poèmes les plus... convenables ont fait le bonheur des instituteurs. Mais il a été si oublié dans le courant du XXe siècle que très peu de rééditions ont été réalisées, et qu'elles sont presque toutes épuisées. On trouve encore quelques livres d'occasion chez les bouquinistes et dans les librairies électroniques. Des bibliothèques municipales parisiennes proposent quelques œuvres, par exmple un remarquable recueil, intitulé Choix de poésies, publié en 1964 chez Fasquelle, où, notamment, sont présentés clairement les poèmes interdits. Et on peut lire presque toute son œuvre, mais dans des conditions incommodes (car il s'agit de fichiers PDF graphiques), sur Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France. On peut aussi écouter quelques chansons dont les enregistrements sont encore disponibles et, bien sûr, Brassens chantant « Les Philistins ». Tant pour les livres que pour les disques, Éric Mie, sur son site Internet, le plus complet qui soit sur le Roi des Gueux, indique ceux qu'on peut encore trouver plus ou moins facilement :
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