Coups de foudre | Atteint de céphalalgie Donc, Maurice Rollinat est berrichon. Il est né le 29 décembre 1846 à Châteauroux dans une famille bourgeoise. Sa mère avait des conceptions morales et religieuses très rigides auxquelles sa fantaisie se heurta souvent. Il n'en garda pas moins toujours des liens assez étroits avec elle, en témoignent notamment des lettres qui ont été conservées et où il lui décrit son état d'esprit et les difficultés qu'il rencontra pour faire publier ses poèmes. Elle lui apporta d'ailleurs son soutien à certains moments décisifs. Son père, François Rollinat, eut sans doute sur lui une influence plus grande. Il était avocat. Ami de George Sand, qui, plus tard donnera des conseils à son fils Maurice (conseils que celui-ci ne suivit que très partiellement), il était une sorte de romantique libéral, intéressé par les Arts et la politique - il fut adjoint au maire de Châteauroux et représentant du peuple aux Assemblées de 1848 et 1849. Sa carrière politique s'arrêta avec la proclamation de l'Empire. C'était un homme tour à tour sombre et pessimiste, gai et drôle, un peu comme le sera Maurice lui-même. Celui-ci avait 21 ans quand en 1867 François Rollinat mourut et cela constitua pour lui un choc important. C'est probablement peu après ce deuil qu'il tomba malade et la mort de son frère aîné Émile, neuf ans plus tard, après des accès proches de la démence, renforça une sorte de présence de la mort qu'il ressentait en lui. Dans le poème La Céphalalgie, c'est probablement sa maladie qui se trouve décrite avec précision. La Céphalalgie, interprété par J.-F. Blavin Cette « céphalalgie » devait l'accompagner à des degrés divers jusqu'à la fin de sa vie. Certains commentateurs l'attribuent en partie à la vie quelque peu dissolue qu'il menait à Châteauroux et Orléans. En tout cas, son coup de foudre réciproque, semble-t-il, pour Marie Sérullaz, leur correspondance amoureuse et son mariage avec elle (j'y reviendrai brièvement) ne lui apportèrent pas la guérison. La hantise du Mal, aussi, les pensées mauvaises qui sans cesse lui semblent s'attaquer à son cœur et à sa raison l'accompagnent. Fait divers qui fit grand bruit en 1870, l'horrible assassinat de toute une famille par un certain Troppmann renforça cette hantise. Dans un assez long poème des Névroses, intitulé Le soliloque de Troppmann, ne mit-il pas dans la bouche de ce tueur cette apostrophe :
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