Coups de foudre | L’adolescence et la jeunesse citadines 1899-1911 Le 4 mars 1899, Alexis, avec sa famille, quitte définitivement l’île pour Pau d’abord jusqu’en 1904, puis pour Bordeaux. Au lycée, il continue à être un bon élève. Il lit beaucoup : Barrès, Léon Bloy, Chateaubriand, Poe, Baudelaire, Mallarmé. En 1904, il commence ses études de droit à Bordeaux, la ville lui déplaît fortement, elle lui paraît triste et sale. Dans Images à Crusoé, il oppose l’âge d’or de l’île à la dégradation de la civilisation urbaine : le mot « exil » entre alors dans l’œuvre pour ne plus en sortir. C’est l’exil qui fait l’unité de sa vie : de la Guadeloupe à la France, de la France aux États-Unis ; à partir de 1940, il se partage entre Washington et Giens, entre l’Atlantique et la Méditerranée. Saint-John Perse qui définira le Poète comme l’Étranger toujours prêt à se mettre en route mériterait d’être appelé « l’exilé de toujours ». Pendant cette période, il fait la connaissance de poètes et écrivains, Francis Jammes, Mauriac, Claudel, Rivière, lequel occupe des fonctions importantes dans la Nouvelle Revue française, créée en 1909. Images à Crusoé est publié en août 1909 dans la NRF. Le poème a été envoyé à Gide qui, séduit, demande d’autres oeuvres, ce sera Éloges. Saint-John Perse a trouvé la forme qu’il conservera tout au long de son œuvre : des chants faits de versets souvent regroupés à la façon de strophes. C’est aussi le début du collage, qui insère dans le poème des fragments d’autres textes, les emprunts étant signalés par des traits d’union. Le collage le rapproche ainsi d’Apollinaire ou de Cendrars. Le langage elliptique utilise le double sens pour jouer sur les mots : Silencieusement va la sève et débouche aux rives minces de la feuille. Les termes techniques voisinent avec des termes poétiques. Le mot « rive », outre son sens habituel, renvoie aussi au bord d’une feuille de papier. © M.-F. Reboul
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