Grégoire Le Roy : choix de poèmes Échos des valses
Valses d’antan, minces fluettes
Rythmes bercés aux jardins d’autrefois...
Cloches d’antan, minces, fluettes.
Fuite d’échos qu’en mon âme je vois...
Choses d’antan subtilisées :
Chambre déserte où se fane un parfum...
Choses d’amour éternisées :
Fleur de baiser qui s’effeuille en chacun.
Voix du passé, voix incertaines,
Comme un écho de refrains bien connus ;
Voix qui s’en vont loin, et lointaines,
Bons souvenirs, en allés, revenus...
Rythmes en rond d’escarpolettes !
Valses d’antan... pourquoi muettes ?
Soir intense
C’était un soir d’étranges extases,
Un soir où les roses trop écloses
Se mouraient d’épanouissement,
Comme meurent les roses des vases.
C’était un soir où même les choses
Semblaient mourantes étrangement
Et comme lentes, évanouies,
D’être, en ce soir, trop épanouies.
Et nous vîmes tomber des pétales
Dans l’attente amoureuse des heures
Et nous gardons à jamais au cœur
La langueur de ces heures fatales.
Car jamais tes lèvres de bonheur
Ne seront plus douces ni meilleures
Qu’en ce soir de trop lentes extases
Où les roses, trop épanouies,
Se mouraient d’extases inouïes,
Ainsi que les roses dans les vases.
La chanson du pauvre, 1907 |