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L’astre

Le poète, c'est un damné,
Dans les astres il fait sa quête,
L'étoile, c'est l'amour-poète,
Ce magnétisme est presque inné.

Connaissant sa grande distance,
L'astre le fait rêver le soir.
S'y reflète comme au miroir
Sa si modeste, humble existence,

Car il y prend un bon recul
Pour observer sa petitesse,
Et de la mort la hardiesse,
Et de la vie un aspect nul.

Un autre monde, et d'autres terres,
L'astre lui fait saisir le soir,
Moins lugubres, sans désespoir,
Où les hommes sont tous des frères,

Le relatif de son effort
Et l'infini de son beau songe,
Le ver du temps qui toujours ronge
La matière comme un remords

Et ne peut rien faire contre elle,
Car elle reste à jamais là
Sous d'autre forme et d'autre éclat
Encor plus forte et bien plus belle.

Si les astres tu n'aimes pas,
Ne touche pas la belle rime !
L'insaisissable et le sublime
Vont sans boussole et sans compas !

Slobodan Kojovic
Ondes et vibrations, 2002.

© S. Kojovic
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