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L’ombre

Une silhouette au bord de la ruelle
S'est penchée,
Dans l'âme dormante de la nuit
Cette ruelle s'est perdue.
Nulle lumière dans ce quartier du silence
Nul éclair d'un soupirail s'échappant.
Abandonnées de tout regard
Les maisons ont sombré
Dans l'oubli de leurs chroniques.
En déréliction le monde est en croix,
Et muette la ville dans les draps usés
De la supputation des esprits
À jamais entravés.

Le monde est minéral et clos,
Sauf qu'une ombre au loin
S'affaire, hésite
Dans un bric à brac de braises évanouies
Et par un vent fuyant et qui souffle, et qui souffre.
D'uneprimitive caverne échappé
Un homme parvient à enflammer
Un journal tramant, la fureur des guerres du jour,
Racontant.

Monte la flamme, haute, claire,
L'illuminant;
Immense se déploie l'ombre de l'homme
Elle emplit d'un coup tout le décor.

Puis s'exténue la flamme
L'être semble brièvement marcher
Cependant que se rétrécit
L'ombre
Avant de disparaitre
Dans les plis autistiques de la terre.

Jean-Francois Blavin
Paris - Brasserie Mollard

© J.-F. Blavin, 2005
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