Océan L'océan de nos souvenirs est sans fond.
Ils arrivent, par vagues successives,
sur la rive de nos yeux ;
Une larme coule :
Parfois, ils nous coulent à fond
Et nous avons des vagues à l'âme excessifs.
Ils dérivent en un courant tumultueux
Puis, ils se font houle
et disparaît la lame de fond.
Ils ne divagueront plus sur la rive :
C'est un fond précieux
D'où, des images, en foule,
Nous submergent ; au fond,
nous voguons sur des eaux chétives.
Mais nous évacuons, orgueilleux,
dans les tréfonds marins qui s'écoulent,
les rochers trop saillants, dans les bas- fonds.
C'est dans le creux de ces vagues votives
que se ravivent les bords de lacs laiteux
De notre tendre enfance que l'on refoule.
Pourtant, au bord du lac,
s'étend sur une fane vert feuille :
un étang de vers :
Il tend à rendre à la prairie
Les rires des enfants
Que le courant de la vie effeuille.
L'Étant de leur enfance divers
Est tombé dans un lac dégarni :
c'est le monde des adultes qui le pourfend :
Les rêves enfantins se brisent en mille feuilles,
ils tombent dans l'océan de nos souvenirs
Et de mon chagrin : c'est un puits sans fond
Que je m'épuise à surmonter :
Où puiser ce souffle de vie
Que le vent t'a volé ?
Océan de souvenirs de rêves,
sur lequel je vogue, auxquels je m'ancre,
sois ma citadelle, mon fort, mon réconfort.
Caroline Baucher
© C. Baucher |