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Poème au vent

Si je pouvais laisser
serait-ce un seul poème
aux hommes derrière moi,
une voix qui murmure
la douce mélopée
de tendresse et de paix,
la suave harmonie
comme un parfum d'automne,
odeurs d'herbe mouillée,
de feuilles frissonnantes
en fuite des beaux jours
vers d'autres horizons ?
Chuchotis indistinct
mêlé au vent frileux
dont les premiers soupirs
gonflent jupes des filles,
décoiffant leurs cheveux
sous le clair soleil froid.
Que poussières de mots
et ces bribes de phrases
jetées ici en vrac
par cette nuit glaciale
dans l'hiver de ma couche
trop vaste et solitaire
fondent en mon sommeil
en un bel assemblage
de couleurs chatoyantes.
Que mon âme dès lors
s'estompe et se dissolve,
dans l'odeur d'un sous-bois
dont le tapis roussi
annonce la torpeur
et l'engourdissement
prélude au long hiver.
Je revivrai alors
dans le chant des oiseaux,
au retour du printemps...
Ce poème, peut-être,
se répandra au vent...

Claude Mercutio
23-11-1990. 4 h 20

© C. Mercutio
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