Une vraie beauté florentine
Dans les bureaux du percepteur !
Avec ses yeux d’aigue marine.
Il me semblait que les couleurs

De ses cheveux et de sa peau
Sortaient tout droit de ce tableau,
Oui, la Naissance de Vénus !
Je la fixais, n’en pouvant plus.

Lors, bravant ma timidité,
Je décidai de l’aborder.
Et ma déclaration d’impôts
À la main, lui parlant bien haut :

Écoutez ma déclaration...
Me coupant : vous faites erreur,
Dit-elle, voyez donc l’inspecteur,
Nous sommes à la perception.

- Alors percevez donc mon trouble,
De Vénus, vous êtes le double.
Vous êtes même plus jolie
Que celle de Botticelli !

- Ponticelli, mais je l’ai vue,
C’est bien la femme du poilu ?
Eh bien ça ! pour un compliment,
C’est la première fois que j’l’entends.

Devant ce gouffre d’ignorance,
Je fus quelque peu refroidi
Et faillis prendre la distance,
Mais elle était bien trop jolie.

- Botticelli, pas le poilu,
- Ah ! celui qui peint des femmes nues ?
J’avoue que c’est déjà mieux,
Dit-elle un sourire dans les yeux,

Mais c’est l’inspecteur qu’il vous faut !
- Ne ravivez pas ma douleur,
Je me fiche de l’inspecteur,
Acceptez donc de prendre un pot !

- Prendre un pot, c’est vite dit.
On me l’a déjà servi,
Hélas, après avoir conclu,
Il n’est plus jamais revenu.

- Oui, mais moi, c’est du sérieux.
J’ai un emploi en CDI,
Un studio avec un grand lit,
Des plantes vertes et un chat bleu.

- Ma chatte, elle, est couleur chameau

Serge Dinerstein

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