Désir Jeunes années déployant leurs grâces
Dans l’air vif du matin,
Quand s’éveille la rosée,
Quand fleurit le lilas ;
Douce espérance parfumant la terre
De tant d’amours naissants
À jamais partagés ;
Vous fûtes là, chère amie,
Et rien ne put vous faire taire,
Rien ne put vous complaire
De tout ce que l’azur infini
Avait encore à vous dire.
J’ai pris mon bâton de pluie,
J’ai parcouru la vallée endormie
Poursuivant votre image défunte,
Animé d’une passion sauvage.
Et lorsque la pluie est venue,
Lorsque l’oiseau s’est enfin tu,
Une larme délicate et froide
A fait jaillir sur votre corps
À demi-nu, un éclat
D’or et de nacre vêtu.
Alors mes pas incertains
Franchissant le gué
Où jadis vous passiez,
Rêveuse et solitaire,
Ont senti la rose
Aux effluves si tendres et si légères
Qui s’offrait à vous guider
Sur les rives moelleuses
De ces gracieux souvenirs.
Mais le temps passe chère amie,
Et chacun, dans son ciel lointain,
Cherche encore et toujours
Le désir qui luit,
Cherche encore mais en vain
Un dernier asile.
J’ai pris mon bâton de pluie
Et sans rien dire,
Dans le silence de la nuit,
J’ai gravé sur le chemin,
En lettres de feu,
L’étrange mélodie
Des amours incertains.
Emmanuel Rey
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