Sous ma terre picarde Au sillon des labours j’ai laissé ma chaussure,
Afin que son empreinte y demeure à jamais,
Humblement confondue aux fleurs qui, désormais,
Cachent des champs picards la profonde blessure.
Nos fils chéris sont là, couchés sous la moisson.
Ils n’avaient que vingt ans, sacrifiés pour la France,
Ces enfants plein d'amour qui n'eurent pas de chance,
Dont l'unique baiser fut celui du canon.
Notre terre a souffert avant qu’on la délivre.
Plus de coquelicots sur le bord des chemins,
Où nos garçons chantaient un fusil dans les mains.
La plaine de leur sang s'abreuva pour survivre.
À nous que reste-t-il, Léon, Paul et Denis,
D'autre que vos prénoms – à défaut des visages -
Gravés aux monuments des places de villages
Et trois toupets soyeux dans leurs cadres jaunis ?
Le temps dit : « Oubliez ! » mais c’est mal nous connaître
Au fond de notre cœur ils souriront toujours,
Pour mieux entretenir jusque dans nos vieux jours,
Le grand espoir de paix qu’en nous ils ont fait naître.
À cloche-cœur (2008)
© Lizy |