Regardez ce forçat sur la poutre équarrie
Poser son sein hâlé, que le remords carie.
               Du crime, dont il se repent,
Se retrace à ses yeux l'accablante peinture ;
               Et, de son pied à sa ceinture,
La chaîne qui l'étreint monte comme un serpent.

Si son âme pour moi devenait expansive !
Si je pouvait scruter, dans sa tête pensive,
               Ce remords, pour toujours ancré :
Et vous dire les maux que joint sa flétrissure
               À la profonde meurtrissure
Qu'offre son corps hideux par les fers échancré !

Mais il semble combattre un feu qui le dévore :
Sa casaque a trempé dans le sang du Centaure !
               Et, par un mouvement subit,
Aux cris de l'argousin dont la colère éclate,
               Son front brun devient écarlate
               Comme son écarlate habit.

Au travail, le cancer du remords l'accompagne.
Il revient plus ardent à sa rentrée au bagne.
               Et, sur ses rares cheveux gris,
               Son bonnet couleur de feu pèse ;
Et son vêtement rouge, ainsi qu'une fournaise,
Consume lentement ses membres amaigris !

Marines, 1842.

Charles Poncy (1821-1891) fut dès l'âge de 9 ans employé par des maçons et exerça par la suite ce métier avant de devenir entrepreneur de maçonnerie.

On peut lire sur le site « Gallica » de la BNF des poèmes de cet auteur sous le titre Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulouse.

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