Dans le rouge des mots coule un sang de hasard,
Sur d’invisibles plaies que le temps cautérise
À force de silence où la mémoire brise
Ses ailes fatiguées dessous des vents bizarres...

Dans le rouge des mots une encre indélébile,
Fleur de coquelicot, le sang de la Commune
Ruisselant à Montmartre où la vigne est comme une
Ballade, treille d’âme et d’esprit sur le fil

D’un crépuscule neuf... Et dans les mots, des vers,
Le sang de Baudelaire et le sang de Rimbaud
Leurs rimes déchirées comme à fleur de ma peau,
Le sang de ma mémoire, un sang d’encre et de fer

Un sang vierge de lune et d’enfance... Les mots
Dans le rouge du vent, qu’on extirpe du fond
De soi, qui deviennent poème et qui s’en vont
Parce que nul n’oublie sa douleur au rameau

De la vie...

Thierry Sajat

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