Rue Érard Comment s'appelait-elle, Celle
Dont le prénom m'était inoubliable ?
Je la suivais, le soir, joli fruit défendu,
Quand elle quittait l'école,
De l'en-face trottoir
Jusqu'à la rue Érard.
Elle était belle, et elle m'intimidait !
Elle, sans doute, le savait ;
Apprécia-t-elle la circonstance ?
Fut-elle flattée de ma constance ?
Il me sembla qu'elle attendait
Le compliment renouvelé
Que lui offrait mon cœur zélé.
Et de soir en soir, d'un sourire discret
Elle récompensait ma fidélité.
Pourtant, quand j'osais l'aborder
Elle en fut effrayée.
Elle eut très peur je crois, de ma timidité
Car nous n'avions, l'un comme l'autre,
L'âge, ni la force de vaincre
Cette injuste frayeur qui corseta nos cœurs.
C'est au coin de sa rue que l'amour fit reflux ;
Le charme fut rompu, et la proximité
Qu'avait établie la distance, envolée...
Comment s'appelait-elle, Celle
Dont le prénom m'était inoubliable ?
Sa silhouette, élancée et discrète,
Flotte dans ma mémoire, et sur quelques trottoirs
Qui mènent rue Érard...
Yves Tarantik
© Y. Tarantik |