Aux souvenirs des plus Anciens il n’y eut jamais, alentour,
Ni même au-delà, dans la combe,
Ni, plus bas, passé la vallée et traversé les eaux du fleuve...
Aux souvenirs des plus Anciens il n’y eut jamais,
Aussi loin que la citadelle
Ni, même, en pays plus lointain...
Aux souvenirs des plus Anciens il n’y eut jamais
À part moi,
Un homme qui ne vit passer, flottant entre nuage et marais,
Ou dérivant près des roseaux...
Un homme qui ne vit passer
Une ombre semblable à la tienne ;
Pas un ami,
Pas un voisin,
Pas un étranger de passage,
Aucun homme écorché de soif
N’eut jamais tant d’ombre à son arbre
Pour y déposer sa fatigue,
Et n’eut jamais, si près de lui,
Ou dans ses souvenirs en vrac,
Une main si fragile et forte,
Un regard si tendre et si sûr,
Que la tienne...
Que le tien...
© Christian Gros |