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Une mouche s’était perdue
Dans les méandres d’une église.
Vrombissant d’une aile éperdue,
- Craignant qu’on ne l’évangélise -

Tentant de fuir ce lieu sacré
Où flottaient une odeur d’encens
Et de grandes âmes nacrées
Visibles dans le jour naissant,

La mouche était à bout de force...
Elle essayait depuis des heures
De concrétiser son divorce
Entre elle et les latiniseurs.

Son aile alourdie de varices
Brisa soudain sa trajectoire :
Elle tomba dans le calice,
Juste au moment de l’offertoire.

N’ayant pas appris à nager
Ni de la patte, ni de l’aile,
Elle se noya, submergée
Par le nectar surnaturel.

Or, la mouche était consacrée,
Ayant lampé du sang du Christ ;
Là-dessus les textes sacrés
Sont sans appel et rigoristes :

Elle devait être enterrée...
- Ou avalée - La Loi Divine
N’aurait bien sûr pas toléré
Qu’on pût la jeter aux latrines.

N’ayant le temps de mettre en bière
La mouche vautrée dans son vin,
Le prêtre avala son Corbières
Où flottait l’insecte divin,

Rendant grâce à son Créateur
D’avoir fait voler les diptères
Au détriment des « gros-porteurs »
Ou de tout autre mammifère!

« Toute chose a une raison »
Observa l’homme de la cure
« Le mal contient sa guérison
Dans sa raison la plus obscure... »

Christian Gros

© Christian Gros
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